dimanche 21 octobre 2018

Action de grâce 2018

J'aime la fête de l'Action de grâce au Québec. Chez nos voisins des États-Unis c'est très fêté. Quel beau moment pour se retrouver entre parents et amis, au cœur de l'automne. En rappel, au début, j'ai commencé à célébrer pour pratiquer la recette de dinde de Noël de ma mère. Puis c'est devenu une tradition. J'aime inviter parents ou amis pour cette fin des récoltes, cette abondance. Pour moi, c'est la fête de la reconnaissance, du grand merci.

En préparant le repas, cette année, j'ai eu une pensée toute spéciale pour ces mères du monde entier. Particulièrement celles qui n'ont pas grand chose pour combler les ventres vides de toute la famille. Celles qui font face aux pénuries des sécheresses, des inondations, des ouragans. Celles qui doivent composer avec une inflation galopante, des salaires ridicules. Celles qui sont fatiguées... Les pères aussi, ceux qui cuisinent...

Cette année, nous avons invité Jack et sa tendre moitié. Couché sur son lit d'hôpital, à l'urgence, je lui avais dit que nous les inviterions dès que tout ça serait passé... Envers et contre tout, un an plus tard, quelle belle occasion pour les inviter que le soir de l'Action de grâce. Pour le grand merci de ce beau miracle... entre autres.

Quelle belle soirée.

samedi 20 octobre 2018

Le temps des labours

C'est l'automne... le temps des labours. Nos cœurs aussi se font labourer avec tous ces départs pour l'autre monde. Pas juste beau-papa. Aux Îles y en a plein. Des vieux mais aussi la jeune cinquantaine et même moins. Le père d'une amie, le tendre moitié d'une ancienne collègue, le beau grand garçon de 38 ans d'un autre collègue.

Une équipière au bureau, a beaucoup de difficultés à traverser le deuil de sa grand-mère. Elle vit une peine immense depuis son grand départ l'an dernier, car elle l'a élevée comme sa fille.  Pour d'autres raisons aussi qu'elle a confié à deux psy. Rien n'y fait. Je l'ai référée à un prêtre pour entreprendre une démarche de pardon. Pour se pardonner à elle-même d'abord. Pour se reconnecter à Dieu. Elle est reconnaissante pour ces paroles qu'on ose plus dire aujourd'hui...

J'ai ajouté :  « Comme rien n'arrive pour rien, je crois que ces moments de peine servent à creuser en nous pour nous rendre plus sensible, plus à l'écoute, des autres, des signes, de l'inspiration, de Dieu.  La vie nous retourne comme la charrue ouvre la terre à l'automne. Pour la faire produire plus de fruits. »  J'ajouterais encore, pour nous rappeler la fragilité de la vie, que nous devons lui donner un sens profond, que nous sommes ici pour avancer sur ce chemin intérieur pour devenir et donner le meilleur de nous-mêmes.

Tout ça c'est bien beau... mais est-ce que la terre a mal elle aussi ?...

jeudi 18 octobre 2018

La Pauline

Celle qui pense à tout. Celle qui sait tout dans ces moments-là. L'indispensable d'une famille. Elle était en voyage au moment où son père est parti. Elle fut « inspirée » de téléphoner ce soir-là, alors qu'on était rassemblés à l'hôpital. Un ange ? Sa mère ? Son père ? Qui sait ? Sa sœur lui a annoncé au téléphone.  Elle est revenue plus tôt. Évidemment.

Je me demande, que fera-t-on sans les Pauline ? Pour tous ces détails de ces rituels qui ont marqué notre vie ? Des connaissances à transmettre.

Déjà qu'elles ne peuvent penser à tout. Surtout dans ces moments d'émotion. Belle-maman n'avait pas de chapelet dans les mains. Mon conjoint s'est tourné vers moi et m'a demandé de but en blanc si j'en avais un... comme de fait, exceptionnellement, ben oui! Un deuxième! Un rose, plus joli que celui de plastique que je traîne un peu partout. Sa pensée pour ce détail m'a surprise..J'ai trouvé ça beau.

Haaa, les Pauline. Une espèce rare...  à apprécier.

dimanche 14 octobre 2018

Malgré tout

C'est un privilège que de pouvoir mourir doucement dans un lit d'hôpital, accompagné de sa famille. 
L'une de mes belles-sœurs avait donné à son père, il y a quelques années, le livre La vie après la vie pour le rassurer quand viendrait le temps de franchir la grande porte... et il l'a lu. Il n'avait pas peur. Il était prêt, fatigué. Il nous l'a dit, deux jours plus tôt à l'hôpital. C'est un cadeau pour ceux qui l'aiment.

C'est aussi un grand privilège que d'être encore accompagné dans cette étape si importante par un service de liturgie, par un prêtre... pour ceux qui croient ou qui accompagnent un croyant. Ce prêtre était sympa. Ça aide. Mon voisin de table me dit, au resto après la messe : « Ça m'a rappelé mon Notre Père... C'est important quand même les rituels dans les étapes importantes... le baptême, le mariage...et surtout celle-là! Aujourd'hui c'est un peu de tout... »... et je lis dans son regard évasif... on est un peu perdu, éparpillé... difficile de s'y retrouver.

La vie passe... on vieillit tous... Même jeune, il est dit : « Je viendrai comme un voleur... ». Aussi bien être prêt tout le temps. 

Et puis j'ai entendu un nouvel Ave Maria.Très beau. Quel baume au cœur.

Aurevoir beau-papa

C'était la messe des funérailles de mon beau-père aujourd'hui, par une belle journée d'octobre et ses couleurs d'automne. Quatre ans, jour pour jour après son épouse qu'il aimait tendrement et qu'il avait hâte de rejoindre. Quel romantisme de la vie!... Un de ces couples comme il ne s'en fait plus, 65 ans à ses côtés.

Je ne le connaissais que depuis quelques années, sans savoir ce qu'il a été comme père ou comme mari. Mais je l'ai vu prendre soin d'elle, gravement atteinte du Parkinson. Il l'a visitait chaque jour, à son CHSLD. À 86 ans, elle se mettait encore du rouge à lèvre pour l'accueillir...  

Le jour précédant le décès de ma belle-mère, nous l'avons veillée, mon conjoint et moi.  Malgré la tristesse et notre oppression, je retiens la beauté du moment. Lui, assis dans sa chaise, épuisé de fatigue mais résiste pour accompagner son épouse dans ce dernier droit. Elle, le souffle court, repose aidée de la morphine. L'infirmière lui administre doucement, en lui parlant, une interdose pour s'assurer qu'elle ne souffre pas après le changement de position.

Au risque de passer pour une extraterrestre, je sors mon chapelet et le dit à voix haute dans la chambre. J'entends parfois mon beau-père le réciter avec moi. Petit moment d'éternité avant le grand départ... cette nuit-là.

lundi 8 octobre 2018

Dora l'exploratrice

Je me suis déjà dit que lorsque je serai de « l'autre côté », je me permettrai de flotter dans l'univers pour voir enfin ce qu'il en est. Découvrir les planètes, leur beauté. Pas pareil de regarder les photos des satellites... et franchement, au prix que ça coûte! On pourrait restaurer notre belle Terre!

Mais j'ai pensé aussi que je risquais peut-être de m'y perdre, seule, dans tout cet espace immense à la fois vide et rempli... mais froid. Et finalement, ça ne me tente plus.

La journée au parc s'est conclue entre autres sur cette parole de l'un des messieurs : « Tant qu'à explorer, restons dans la même ligne de pensée... notre religion catholique regorge de découvertes intéressantes... ».

J'ajoute : « Moi, en tout cas, j'ai hâte que tu ais terminé ton cours et de la tête on passe au cœur ». Parce que trop intellectualiser les messages de Jésus... ça sert à quoi ? C'est beaucoup plus dur de mettre en pratique. C'est pourtant le simple but de la chose ! Et quelle que soit la religion, c'est la prière qui compte... et qui n'est pas facile à faire. À trouver le temps. Le bon moment. Le bon endroit. Se concentrer, déconnecter du reste.

« Ben c'est bon d'apprendre pour comprendre. Mais pour la prière, il faut aussi trouver son moment » nous dit l'autre ami... Moment d'intimité et de silence. Parfois même au travers le brouhaha du métro, quand on ferme les yeux. Ça vous change de voir défiler les stations, les publicités, les vas-et-viens. Ça trompe l'impatience d'arriver à destination. Un oasis intérieur... dans un tout petit espace.

vendredi 5 octobre 2018

Conversation au parc 3

Impossible de passer ceci sous silence...

Pendant que nous discutons ce jour-là, assis à notre table de pic-nique, quelques personnes passent près de nous. D'abord les hommes, habillés légèrement, qui discutent entre eux. Puis une femme voilée de noir complètement, silencieuse. Il fait un peu frais en cette journée de fin d'été. Mais je me rappelle être allée me rafraîchir dans un autre parc un jour de canicule. Les hommes marchaient détendus, habillés en pantalons courts et T-shirt. La femme, comme celle-ci, voilée en noir, complètement. Le noir attire le soleil. C'est pour cela qu'on recouvre maintenant les toits en matériaux blancs, pour éviter les îlots de chaleur...

Combien de degrés faisaient-ils sous son vêtement ?

Pourquoi cette femme n'a pas le droit d'exister aux yeux des autres ?

Au moins, chez les Juifs orthodoxes, les hommes sont autant habillés que les femmes, en manteaux noirs, longs étouffants et chapeaux.

En partant, l'un de nos nouveaux amis me dit : « Tu sais, bien souvent ce sont les femmes elles-mêmes qui demandent à revêtir le niquab... ».

Et moi, songeuse : « Oui... comme pour l'excision... ».

Nos religieuses ont revêtu aussi des habits contraignants. Un jour on leur a dit, vous n'êtes plus obligées... c'est dans le coeur que tout se passe. Malgré tout, certaines en portent encore. Des femmes du monde entier portent des voiles sur leur tête, des foulards cachent leurs cheveux, des mantilles ou des châles. Par respect religieux. Mon vieux père lui-même, cet été, était contrarié de me voir en chemise sans manches en cette chaude journée d'été, pour aller à la messe. C'est la première fois que je lui entendais une telle remarque. Pour ne pas perturber son rare moment à l'église de notre paroisse, et m'obstiner, j'ai changé ma chemise pour des manches un peu plus longues... puis j'ai constaté que l'une des animatrices en avant, portait une robe sans manches...

Et puis quoi ? Dieu nous veut tel que nous sommes. Nous aime tel que nous sommes. Seulement le regard tourné vers Lui, l'âme offerte à sa lumière. La conscience ouverte à nous-mêmes et aux autres. 

Au moins, au moins, en tout temps, qu'Il puisse voir notre sourire.

jeudi 4 octobre 2018

Conversation au parc 2


Je rappelle à mon amie, ces paroles de Père John au monastère de Charlevoix, qui m'avait rappelée à l'ordre de faire un ménage dans ma vie, dans mes bébelles de différentes religions et autres. Au fond, de concentrer mon énergie.

L'un des messieurs renchérit en nous disant que le Dalaï-Lama a dit la même chose... peut-être découragé de voir toute cette désertion catholique. Il a dit qu'il nous faut chacun continuer sur notre chemin personnel, dans la voie que la vie nous a montrée. Car le risque est grand de nous disperser.

L'autre nous entretient sur la différence fondamentale d'avec certaines autres religions : la relation que nous construisons avec le Père. Beaucoup plus que la seule recherche de la paix intérieure, qu'un immense néant.Qu'il nous faut trouver le moment pour prier... notre moment.

C'est à ça aussi que je pense, lors de notre souper improvisé avec nos bons voisins. Il y a cet état intérieur important à cultiver que nous apprend entre autres le bouddhisme par une douce méditation et la conscience de soi... mais nous pouvons aussi travailler en nous imprégnant des préceptes de Jésus.

Et m'apparaissent les limites du bouddisme lorsque je repense à toutes ces fois où j'ai eu besoin de ces liens invisibles... et où j'ai reçu tant d'aides précieuses... où je ne me suis pas sentie seule malgré les apparences, notamment au cours de mes voyages. C'est dans le ressenti que ça se passe. Je ne peux que transmettre un témoignage et peut-être le goût d'avancer sur ce chemin... le moins fréquenté.