dimanche 17 septembre 2017

La conversion de cousin

Ce qu'il me fait penser à mon cousin, décédé à 33 ans d'un cancer.  Grand, maigre, le nez aquilin. Pince sans rire. Un brin moqueur. Brillant. Un ancien de Polytechnique.

Il fumait son petit « tordu » chaque soir.

 Il était pacifique, franc, honnête, discret. Il ne s'intéressait nullement à la religion. Ou peut-être s'en est-il encore plus éloigné lorsque son grand frère est décédé de la même maladie dix ans plus tôt.

Les gens l'aimaient.

On nous a même parlé de lui lors d'une joyeuse équipée sur notre Île d'Entrée. Il venait y travailler et demeurait chez une vieille anglaise.

Le genre de personne pour laquelle je ne m'en serais pas inquiété pour son âme, même s'il restait dans son coin...

Lorsqu'il a été diagnostiqué, sa vie a évidemment été chamboulée. Il s'est tourné vers Dieu. Bien sûr par peur et dans l'espoir de guérir, de voir grandir ses enfants. Au fond, un arrêt obligatoire pour lui aussi. Une conversion de fin de parcours. Mais qui pourrait le juger ? Juste dommage qu'il n'ait pas connu tous les bienfaits de la foi avant tout ça, comme soutien, la sagesse des textes  et les manifestations spirituelles. Il faut dire que comme la majorité des jeunes, il voyait probablement la religion poussiéreuse et endormante.  Ce qui s'avérait parfois vrai... Mais avec tous les témoignages, son esprit scientifique aurait peut-être été fasciné tout comme moi maintenant. C'est fou, maintenant que j'y pense, les belles discussions qu'on aurait pu avoir. Mais je n'étais moi-même qu'au « camp de base » de cette escalade spirituelle...

Bref, pendant un an, chaque matin, il se rendait à la messe.  Les derniers mois, ses amis l'emmenèrent, doucement, évitant les trous dans les chemins... Jusqu'à ce qu'il reste chez lui... puis je le revois, comme cet ami, allongé dans son lit d'hôpital.

Quelle déception il a dû avoir lorsqu'il a pris conscience de sa fin imminente  : « Ben dis moi pas maman que j'passerai pas à travers celle-là ! ». Je ne sais pas s'il en a voulu à Dieu et s'il a regretté ses efforts spirituels. Bien que « notre heure » ait l'air parfois déterminée selon le grand mystère de la vie, la maladie est, selon moi, associée à la pollution, à la génétique, aux émotions négatives et d'autres conditions terrestres.  Je crois, à tout le moins, que son regard tourné vers Dieu lui a aidé à tenir le coup jusqu'au bout.

Mais avant, un jour que je me sentais perdue dans ma vie, dans mes choix... C'est lui qui, assis à sa table de cuisine, a glissé vers moi un feuillet paroissial en me disant : « Tu sais, faut pas partir à la dérive ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire