mercredi 10 juin 2020

Propos racistes


Tout ça pour vous raconter cette anecdote... (en espérant ne pas me répéter...)

Au cours de l'un de mes premiers week end à Montréal, lorsque j'étais étudiante à Québec, je suis assise dans l'autobus assez bondé. Un vieillard, un monsieur « blanc », sale, habillé en haillons et ivre est debout devant un monsieur en complet veston assis bien droit. Il est noir. L'itinérant, car c'en est un, se met à l'invectiver en anglais de manière assez agressive, comme si le monsieur noir était un moins que rien. Quel contraste absolument caricatural!

L'homme noir demeure silencieux, gêné, le regard baissé.

Je suis figée, comme tous les autres. C'est la première fois que j'assiste à une telle scène. Je n'interviens pas. La première des raisons est que j'ai peur d'envenimer la situation et que le vieux monsieur devienne violent. La seconde, je ne sais pas quoi dire ou faire. Peut-être que les autres sont dans la même situation. Au moins, personne n'en a rajouté. L'itinérant sort enfin. Je ne sais pas plus quoi dire ou faire. « Un ange passe »... silence. Je crois que j'ai pensé à ce moment qu'il valait mieux retomber dans la normalité des choses...

Longtemps après j'ai pensé : « J'aurais pu au moins lui demander s'il était correct. Lui dire qu'il ne fallait pas s'en faire, que l'homme avait des problèmes de santé mentale. » Ceci pour lui démontrer un minimum de solidarité et lui faire du bien après toute cette violence verbale.

Ce qui me frappe surtout dans cette scène, c'est le calme et la maîtrise de soi de ce monsieur noir. Bien sûr, il devait être extrêmement embarrassé et humilié. Mais il avait une telle classe. Celle des noirs humiliés pendant des siècles mais qui m'ont toujours apparu si grand dans leur âme, si beaux. Et dont la force tranquille et bien souvent les valeurs les ont porté... jusqu'à la présidence des États-Unis.






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