lundi 29 mai 2017

Saint-François D'Assise amoureux de la nature

La religion catholique ne fait pas grand cas des animaux, à part l'âne qui amena Jésus le jour des Rameaux. Peut-être qu'il en avait fait des mentions qui furent escamotées avec le temps. Peut-être aussi qu'il en avait plein les bras juste à éveiller la conscience humaine.

Mais Saint-François d'Assise est un amoureux de la nature. Il est devenu « patron de l'écologie » en 1979 par Jean-Paul II.  Il nous a entre autres offert son si beau Cantique des créatures, en 1225 :

 
 
 

« Le cantique des créatures

Très-Haut, tout-puissant et bon Seigneur, à vous appartiennent les louanges, la gloire et toute bénédiction ; on ne les doit qu'à vous, et nul homme n'est digne de vous nommer.

Loué soit Dieu, mon Seigneur, à cause de toutes les créatures, et singulièrement pour notre frère messire le soleil, qui nous donne le jour et la lumière ! Il est beau et rayonnant d'une grande splendeur, et il rend témoignage de vous, ô mon Dieu !

Loué soyez-vous, mon Seigneur, pour notre sœur la lune et pour les étoiles ! Vous les avez formées dans les cieux, claires et belles.

Loué soyez-vous, mon Seigneur, pour mon frère le vent, pour l'air et le nuage, et la sérénité et tous les temps, quels qu'ils soient ! Car c'est par eux que vous soutenez toutes les créatures.

Loué soit mon Seigneur pour notre sœur l'eau, qui est très utile, humble, précieuse et chaste !

Loué soyez-vous, mon Seigneur, pour notre frère le feu ! Par lui vous illuminez la nuit. Il est beau et agréable à voir, indomptable et fort.

Loué soit mon Seigneur, pour notre mère la terre, qui nous soutient, nous nourrit et qui produit toutes sortes de fruits, les fleurs diaprées et les herbes ! 
(...)
Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâces, et servez-le avec une grande humilité. »



traduction de A.F. Ozanam du CANTICO DELLE CREATURE


dimanche 28 mai 2017

Maman Courli


Voici pour la beauté, le courage et l'amour de maman Courli.
Par une belle journée d’été, je traverse le Havre-aux-Basques pour me rendre à mon travail au  Havre-Aubert.  La beauté du paysage, les dunes, les lagunes, puis le boisé bordent ma route quotidienne. Je regarde nonchalamment le ruban qui s’étend devant moi quand j’aperçois un petit animal sur la bande jaune au milieu de la route. D’un œil morne, j’essaie d’identifier quelle bestiole s’est fait écrapoutir lorsque je me rends compte que l’oiseau est assis, son long bec courbé comme un fleuret reposant sur une boule de plumes.  Je continue ma route en réalisant que l’oiseau n’est pas mort. Puis, j’entreprends un dialogue avec moi-même : peut-être pourrais-je le sauver ? Il est sûrement trop tard pour lui, compte tenu de la circulation dense et de la vitesse des véhicules. Déjà, à l’heure qu’il est, une auto aura répondu de sa destinée… Et puis un oiseau c’est plein de poux… impossible de l’apporter en voiture… et puis… oh et puis j’y retourne!

 À la hauteur du lieu où j’avais vu le volatile, il n’y était plus. L’auto arrêtée sur le bas côté,  je descends en courant et scrute la route. L’oiseau a disparu. Je ne vois en fait qu’une toute petite boule de poils au milieu de la voie de gauche. En approchant, un oisillon tout menu et effrayé se tient immobile. En l’espace d’un instant, je comprends toute la situation. Au péril de sa vie, la maman courli essaya de faire traverser cet oisillon et son petit frère maintenant écrasé de l’autre côté de la route. Elle demeura  au milieu pour protéger sa progéniture et finit par s’envoler.  Je cours dans la direction du petit rescapé, m’assurant auparavant de ma propre sécurité. Chose faite, je prends le petit au creux de ma main et l’amène doucement sur le bord du chemin. Sur l’entrefaite, un véhicule s’arrête devant le mien et un conducteur, témoin de cette scène s’enquiert du déroulement. Je dépose l’oisillon et attend la suite. Quelques minutes passent. Les oiseaux femelles délaissent souvent leur petit lorsqu’elles sentent une odeur humaine, ou si ces oiseaux sont trop loin. Après quelques minutes supplémentaires, la maman courli arrive et se pose près du petit. Elle ouvre soudain grand son aile et entoure l’oisillon. Voilà, je peux partir tranquille. Maman Courli a la situation en main…

mercredi 24 mai 2017

Premiers secours

Ma mère m'a racontée une histoire d'oiseaux très spéciale dont elle a été témoin. Je lui disais de l'écrire avant de l'oublier. Contre toute attente, plusieurs années plus tard... j'ai trouvé son histoire, écrite enfin de sa main...

« Ce [les êtres humains] n'est pas nécessairement les seuls à avoir inventé la réanimation... 
Au début de juillet, à la tombée du jour, au soleil couchant. Assise à la table de la cuisine, j'admirais de la fenêtre panoramique, mes beaux rosiers d'un beau vert et remplis de roses. Lorsque, soudain, un oiseau vient se cogner violement contre la fenêtre. Je me lève, le croyant mort tout en contrebas. Et je le vois, étendu sur le dos, ses petites pattes recroquevillées. À l'instant même, un autre moineau arrive et s'empresse de s'installer sur le blessé, lui prend son bec dans le sien et par cette prise, lui soulève la tête délicatement, la lui fait tourner de gauche à droite et repose. Il continue ce manège jusqu'à ce qu'il reprenne conscience. Et, avec précaution, son compagnon se remet sur ses pattes et le pousse tranquillement vers le rosier et le met à l'abri des prédateurs (chats, etc.) jusqu'à ce qu'il puisse s'envoler... »

lundi 22 mai 2017

Des oiseaux messagers

De retour à la maison, une tourterelle triste est assise sur une branche de notre grand tilleul...

Ce qui m'amène à vous raconter cette histoire belle et étrange à la fois.

C'était à l'été 2000, au chalet de mon oncle, dans mes Iles. Une messe y était célébrée pour ma tante, son épouse, entourée de parents et d'amis... dont moi qui repartait ce jour-là pour la grand'terre, avec l'intuition que je ne la reverrais plus. Ma tante souffrait d'un cancer presque en phase terminale. Elle avait perdu son deuxième fils l'année précédente et son premier quelque dix ans plus tôt, tous deux aussi morts du cancer.

La messe était célébrée dans une sorte de verrière, soit une galerie recouverte et entourée de grandes fenêtres à l'avant et de deux portes vitrées sur les côtés.

À un certain moment au cours de la messe, j'ai vu s'avancer dehors, un petit oiseau, un moineau je crois, qui se dirigeait droit vers la grande fenêtre. Il n'est pas rare que les oiseaux se lancent ainsi vers ce qui réfléchit la lumière et le ciel notamment. Mais il s'est arrêté juste à temps et s'est mis à voleter de haut en bas et de gauche à droite, comme s'il cherchait une entrée... puis il s'est dirigé vers la porte de droite en recommençant son manège. À mon plus grand étonnement, il est retourné sur le devant... pour continuer jusqu'à la deuxième porte à gauche... et a recommencé à voleter de haut en bas et de gauche à droite comme pour trouver une issue pour entrer. Puis il est parti...

J'étais bien curieuse d'ouvrir la porte à ce moment et de le laisser entrer. Mon intuition me dit qu'il se serait posé sur l'épaule de ma tante... est-ce un envoyé de Dieu ? Pourquoi son instinct d'oiseau l'a-t-il envoyé là à ce moment? Et surtout pourquoi insister ? Est-ce l'un de mes cousins décédés ? Je suis convaincue à tout le moins, qu'il était en lien avec cet événement. Mystère de la nature... divine.

dimanche 14 mai 2017

Bye Cocotte

Et je repense au jour où, bébé, elle a mis toute sa petite confiance en moi parce qu'elle était malade. Ce jour-là c'était pour la guérir... maintenant... il n'y a que moi pour savoir que c'est pour la délivrer d'un état qu'elle ne comprend pas...

J'ai rêvé, cet hiver, que je lui faisais la respiration artificielle.. ça marchait. Puis j'ai soufflé encore, son petit ventre se gonflait, mais elle n'était plus là... C'est en y repensant que je me suis dit que tous ses médicaments, depuis si longtemps, ressemblaient à de l'acharnement thérapeutique... c'est étonnant à quel point les rêves peuvent, en quelques images, nous parler aussi clairement...

Dr Corbeil ouvre la porte, discrète. Mais Cocotte respire encore. Comme si elle ne voulait pas nous quitter... Il y avait beaucoup de force dans ce petit être...

Je glisse à Dr Corbeil : « Que du bonheur... voilà ce qu'elle nous a apporté... »

 Entre mes larmes et celles de mon conjoint... Il se penche pour prendre un mouchoir... voilà. Le petit ventre ne se soulève plus...

Dr Corbeil revient, vérifie en douceur... et repart...

Je dépose Cocotte dans son petit panier mou préféré. Je place Don Nounourso près d'elle... et un petit rameau tressé.

Et je demande à Dieu de l'accueillir, petite âme qui le divertira lui aussi... et peut-être Mamie.

L'accompagner

Un jour ou l'autre, notre chemin spirituel nous confronte à la mort.

J'ai veillé des personnes de mon entourage. Mais, d'une façon ou d'une autre, surtout de par mon éloignement des Îles ou parce que ça n'a jamais adonné d'être présente au moment fatidique, je n'ai jamais été confrontée directement à ce passage délicat d'un état à un autre.

Jamais avant ce moment.

On partait en voyage à Pâques. Cocotte semblait reprendre vie. Alors nous lui avons trouvé une gardienne. Une amie de mon conjoint qui a accepté le difficile contrat de l'amener chez la vétérinaire si jamais que... Je lui en serai toujours reconnaissante.

Mais la veille, alors que je demandais encore un signe clair... mon conjoint m'appelle du salon :
« Regarde, elle a de la misère à tenir sur ses pattes »... « Tu veux dire... que ça serait aujourd'hui ?... »...  Trop et pas assez. « [Chez un animal], l'hypoglycémie est une maladie sournoise, en montagnes russes. » dit ma vét. qui était de garde... sans compter le Pepto qui ne calmait plus son petit ventre... Dr Corbeil m'a aidé à prendre ma décision sans pression...  J'ai compris que pour eux, la clinique, pour nous, pour elle, il était préférable de l'accompagner maintenant... jusqu'au bout...

Mon conjoint m'a proposé de venir. Sur le coup, je ne voulais pas l'ennuyer. Puis je suis revenue l'inviter à venir...  avec l'intuition au fonds, que c'était peut-être important pour lui, de m'accompagner dans ce moment très difficile... mais aussi pour elle...

Assis tous les deux dans une petite salle, la vétérinaire la pique pour l'endormir. Elle se réfugie dans mes bras. Je la garde, bras croisés sur elle. Endormie, elle est piquée une seconde fois. Je la reprends. Lui parle doucement. Sens sa petite respiration dans mon cou. Chaque minute...



Sursis de paix

Comme « par hasard », le jour où j'ai commencé à m'informer des « détails » auprès de ma vétérinaire, le soir même, je suis tombée sur cet article Dire adieu à son chien, d'un magazine acheté un mois plus tôt. L'auteure y parle de son sentiment de culpabilité, puisqu'on ne laisse pas
« faire la nature » jusqu'au bout. Attendre de le voir souffrir est inacceptable dans un cœur aimant.

J'ai lutté contre moi-même pour ne pas reprendre la routine médicale. Surtout que, au lieu de partir vite, Cocotte a repris un regain de vie. Je me suis fais dire que ça arrive, comme ça, quand on arrête tous les médicaments, même chez les humains. À croire que c'est ça qui nous rend malade ? Ou le corps, tout joyeux de cette nouvelle liberté, de cette pause, reprend de l'énergie.

Mais je savais que ce n'était qu'une question de temps. Surtout, qu'elle pouvait s'empoisonner à l'intérieur, tranquillement. Et puis, j'ai entendu une chanson qui disait « Let me go naturally »...

Je sentait bien qu'elle n'en pouvait plus. Fatiguée de tout ça. En même temps elle nous aime, elle aime sa petite vie de fureteuse. On est allé fouiné dans le garage et un peu partout. On a regardé « l'arbre magique », le pommier rempli de petites lumières blanches de Noël... à l'année. Elle a eu toutes ses gâteries préférées... sans payer d'une seringue au préalable.

Comme je ne travaillais pas pendant un long congé, on en a profité à plein. Dix jours de petits bonheurs...

samedi 13 mai 2017

Question existentielle

.. que l'euthanasie.

Par action et par omission. Qu'est-ce que l'action ? Qu'est-ce que l'omission dans ce cas ?

L'expérience humaine est riche et profonde mais ô combien difficile par moment. Celle-ci me plonge dans des questions existentielles, philosophiques, éthiques.

Est-il plus égoïste de prolonger la vie de force par des médicaments que petite bête n'est puuu capabbbb de prendre ? Et que nous ne sommes puuus capaaab de donner de force ?

La paix. Voilà ce que j'ai offert à Cocotte pour son 7e anniversaire en janvier. La sainte paix. Pas de médicament cette fois-là. Je ne l'ai pas réveillée pour la photo. Un oasis de paix.

Voilà ce que l'on a vécu aussi pendant ses dix derniers jours. La paix. Comme elle ne l'a jamais vraiment connue.

Cette année elle avait pris un « coup de vieux ». Même mon père en visite l'avait remarqué. Lui qui se disait allergique lorsque j'avais emmené bébé aux Îles... bien qu'elle était dehors dans sa cage... Maintenant, il en venait à la chercher dans la maison. « Où est Cocotte ? ». Il la supportait sur ses pieds.

En fait, c'est elle qui a décidé. De toutes les façons de son possible, elle m'a fait comprendre qu'elle n'en pouvait plus d'être gavée de médicaments. Trois seringues par semaine depuis sept ans en plus de deux seringues par jour depuis trois ans... dans ce petit être de deux livres et quart.

Elle se tortillait si fort, se cachait dans mon cou, me suppliait du regard. Mon conjoint a compris depuis un bout. Il ne pouvait plus rien lui donner. Moi je ne voulais/pouvais pas le voir... Ce printemps elle a faiblit. Sa « petite batterie » fonctionnait bien pendant quinze minutes puis elle ne tenait plus sur ses pattes. Parfois un petit gémissement en dormant. C'est quoi l'amour dans ce cas-là ? Continuer ou arrêter ? Je me sentais égoïste d'insister à ce point. C'aurait été plus facile aussi si j'avais pu lui faire savoir qu'il y avait un lien direct entre la seringue, le Peptobismol et la vie. Qu'aurait-elle choisi ?

Un matin, au lieu de me battre avec elle, j'ai arrêté. Je lui dis : « Ok Cocotte, c'est fini, on arrête tout ça. ».

Et j'ai pensé aux parents face à leurs enfants très malades d'un cancer. Au grands enfants, face au choix de continuer de nourrir, d'abreuver ou non un parent en fin de vie... Aux choix inhumains. J'ai pensé aussi aux gens qui demandent « l'aide médicale à mourir ». Au Canada, ils sont des centaines, juste cette année. Ils n'en peuvent plus.

Avec toutes nos technologies, nous avons dépassé la nature. Elle, savait quand arrêter. Pas nous.



lundi 1 mai 2017

Grandes missions pour petite furette

J'ai bien souvent appelé Cocotte ma petite zoothérapeute. Cette petite bête m'a aidée à passer à travers une séparation et la solitude en m'accueillant, en m'entertainant, en me faisant rire à la hauteur de la réputation de ces petits clowns. Comme bien des animaux de compagnie, elle a abaissé ma tension... bien plus : elle m'a fait rire, franchement. Son air mine-de-rien, ses vols de stylos systématiques, ses courses pour me rattraper avant de sortir, son bout de nez sortant d'une couverture.. une bébitte qui n'avait même pas d'expression mais qui disait tout dans le regard...

Elle a fait ressurgir ma tendresse...  et m'a calmée. On ne peut pas se choquer devant une si petite bête...  on pourrait « l'écrapoutir ».

Il y a trois ans, Miss Cocotte Lafouine s'est levée un matin et ne pouvait ouvrir les yeux. Sa deuxième vétérinaire-ange, qui « justement » a eu un furet et avec les mêmes symptômes... lui a déniché un autre médicament miracle.

Mais pourquoi ?

Pendant trois ans de cours de maîtrise à temps partiel, et cet hiver à la rédaction de mon projet de mémoire, elle m'a motivée à continuer, les soirs après la fatigue de longues journées de travail et le nombre incalculable de versions de projets. De son panier près du foyer, en me regardant et en s'endormant toute confiante.

Elle nous a aidé à passer au travers des épreuves, le décès de notre mère à chacun, mon conjoint et moi, la même année. Et elle s'est faite minuscule complice de cet homme grand et fort...  tous les deux silencieux...