mercredi 1 février 2017

Rosaire

Haaa HA ! Je vous ai pris !!

Je ne parle pas ici du Rosaire à réciter. Loin de là !

Il s'appelait Rosaire. Il enseignait à notre école Polyvalente des Îles. Un homme de théâtre. J'en ai déjà glissé un mot y a un bout de temps, dans une chronique précédente.

C'était tout un personnage !... Un café - six sucres... c'est tout vous dire ! Un fumeur invétéré. Un caractériel à la fois détestable... et attachant.

Il était investi corps et âme dans le théâtre, à la Polyvalente. Il y engloutissait même son argent. C'était un avant-gardiste, un visionnaire même. Il était à la fois écrivain, metteur en scène et réalisateur. Il nous a fait connaître de grands auteurs.

Pour cette activité parascolaire, il ne comptait pas ses heures. Nous non plus. Ainsi que sa femme, Anita, enseignante à l'école, sa complice, sa couturière qui cousait nos magnifiques costumes. Elle en a donné elle aussi, des heures. Et Claude, enseignant en arts plastiques, qui a conçu les costumes et les incroyables décors.

Nous y avons appris la beauté et la force du travail d'équipe. Les ego n'étant pas permis. Pas de vedette. Seulement une troupe. Et tout le monde mettait la main à la pâte, tant pour jouer que pour créer les décors, les éclairages, la technique. On y a aussi appris la discipline et le sens du travail bien fait. Un peu comme les jeunes joueurs de football, j'y défoulais mes tensions familiales et d'adolescente. Une soupape artistique.

J'ai vécu des moments extraordinaires. J'avais le sentiment d'accomplissement. Je rêvais, à cette période que je volais... comme Peter Pan, les mains étendues. C'est tout vous dire du sentiment qui m'habitait.

Ces enseignants n'étaient pas religieux, sauf Anita qui venait à la messe, seule. Rosaire se moquait même de nous parfois, les quelques amis qui participaient aussi à l'ACLÉ, ce groupe de liturgie pour jeunes.

Pas grave. Car à leur façon, par leur générosité, ils ont apporté tant d'amour, de passion, d'amitié, de don de soi. « Aimez-vous les uns, les autres, comme je vous ai aimé »... « Ce que vous aurez fait au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous l'aurez fait »...   L'amour du théâtre, l'amour des jeunes, l'amour du public.

Mais aussi, un souffle de culture si important dans le milieu insulaire. Ils ont motivé et formé une belle cohorte de jeunes et d'adultes.  Certains ont pris la relève théâtrale aux Îles, d'autres ont eu de grandes carrières dans le domaine artistique, comme chef éclairagiste pour Céline Dion et à l'information de Radio-Canada à Moncton. Et les autres ont suivi leur voie.

Et malgré tout ce que Rosaire a pu pester contre les « crapauds de bénitier » ...  à la fin de sa vie, pris d'un cancer, il a tissé une fresque magnifique, en cinq pièces... ,  pour l'autel de l'église du Havre-Aubert.



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