samedi 11 février 2017

Si je croyais...

On prend une bonne bière dans un bar rue Saint-Denis. Moi, mes collègues étudiants, notre directrice, son conjoint. Une bonne bière bien méritée. On discute de choses et d’autres. Ma prof nous dit, sourire aux lèvres, à propos d’un grand projet pour lequel elle demande une grosse subvention : « Haaa, si je « croyais…, je placerais mon chapelet sur la corde à linge ! ». J’aurais le goût de lui répondre « Ben tu perds rien à essayer... », mais je me retiens cette fois. Ma crédibilité de chercheure cartésienne et objective est en jeu… Ce n’est pas le bon moment.

On arrive tout juste de notre rencontre de co-développement. Ces rencontres de soutien entre pairs sont de vrais trésors pour nous maintenir dans notre projet de mémoire de maitrise. Nous sommes privilégiés d’avoir une directrice qui s’engage à fond. Ça fait partie de son travail… mais son engagement est au-delà.

On s'encourage, on témoigne des affres de nos émotions chacun dans notre coin : l'angoisse de la recherche, de l'écriture, du temps, de l'intensité de l'effort, de la nécessaire organisation qui fait défaut, de la procrastination qui montre continuellement le bout de son nez. On se donne des trucs.

Tiens, aujourd’hui je m’en venais en auto. Un petit chapelet d’encouragement. J’ai « demandé » pour moi mais aussi pour mes collègues étudiants, et surtout pour une famille que je sais vivre de grandes difficultés, les bons mots, le bon ton, l’inspiration.

On présente, comme à l’habitude, chacun où on est rendu. Moi, je radote encore sur mon projet. J’ai remis un papier, hier soir. Mais je sens profondément que ça ne va pas. Les autres sont assez bien avancés. Ma directrice se tourne vers moi : « Bon, Carmen, est-ce qu’on peut t’aider aujourd’hui ? »… Oups… Ce sera donc mon tour. Je n’ai rien à dire il me semble. Petit moment de panique intérieur. Et puis, de quelques mots, surgit une autre façon de l’expliquer. « Comment cerner mon objet de recherche ? » (Rien de moins). Au tour de mes collègues de s’exprimer sur ce qu’ils comprennent, de questionner. Nous clarifions. Ensuite, l’un après l’autre, me donne un élément du puzzle. Comme un tableau qui se forme devant moi. Ma prof, elle aussi, ne croyait pas savoir comment me guider… mais après toutes les interventions, elle synthétise au mieux, droit au but.   J’en ai les larmes aux yeux tellement je suis « entendue », tellement les conseils sont perspicaces.

En sortant, je dis à l’une de ces étudiantes : « Je suis croyante et j’ai toujours dit que je peux compter sur mon équipe « d’en bas » et mon équipe « d’en haut »… mais je n’en parlerais pas à ma prof, car pour une chercheuse et une psychologue par-dessus-tout, n’allez pas leur raconter ces histoires ! ». Elle me répond avec le sourire : « En tout cas, aujourd’hui c’était ton équipe « d’en bas! »… et moi, le sourire coquin : « Et qui vous a inspiré ?! »

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire