mercredi 1 juin 2016

Hola

En voyage, certaines personnes semblent muer et laisser une partie ou toute leur intelligence, leur savoir-vivre, leur humanité à la maison. Un peu comme ces pratiquants qui limitent leur moment spirituel à la célébration. Pas tous, non, heureusement.

C'est le cas notamment de ceux qui se payent la « traite » avec des enfants de pays étrangers. Aussi de ceux qui se croient « maître et seigneurs » et regardent de haut ces personnes qui les accueillent.  Ou encore qui exploitent la vulnérabilité financière en négociant trop durement l'achat du fruit de leur travail ou quelques souvenirs.

À ce sujet, me revient un autre souvenir du Vietnam, À ce moment, nous sommes dans un mini village, près d'une rizière. Un petit coin de paradis pour nous. Quelques bâtiments, une vache et son veau, des poules en liberté. Des métiers à tisser où travaillent des femmes aux vêtements colorés. Elles tissent de magnifiques foulards qu'elles suspendent à une corde qui ferait rougir d'envie nos cordes-à-linge. Un peu plus haut, une autre corde suspend des courtes-pointes faites à la main, vendues à des prix dérisoires.

L'une des voyageuses de mon groupe se vante alors que, dans un autre voyage, elle a réussi à faire baisser le prix d'une belle couverture tissée à la  main de 120 $ à 20 $. Si elle s'attendait que nous applaudissions son exploit... je n'ai pas caché mon dégoût de sa façon de jouer à la touriste qui fait de beaux grands voyage... en abusant les hôtes. On ne m'a pas convaincue non plus sur le risque d'inflation des prix. Surtout lorsque j'ai faiblement négocié le prix de l'une des courtes-pointes dont le prix était 25 $, juste pour le principe, et que j'ai lu toute la misère du monde dans le regard de cette jeune femme vietnamienne. Au Québec, cette couverture aurait valu au moins le triple prix. J'ai payé le prix demandé.

En fait, j'ai eu beaucoup plus de plaisir à communiquer, que dis-je, à bredouiller quelques bribes et signes non verbaux avec ces femmes à qui j'ai acheté des foulards et autres petits cadeaux tissés à la main à 3 $, le prix demandé, que j'en aurais eu à faire baisser les prix. Le temps m'a donné raison puisque, plus au sud, nous avons découvert une coopérative où les prix étaient non négociables. C'est dire qu'on voulait assurer un salaire de base à ces gens.

Je négocie quand je peux. C'est même culturel à certains endroits...  Même dans les marchés aux puces. Mais je le sens lorsque j'arrive à une limite acceptable pour les deux. J'aime quand les villageois se respectent et obtiennent un juste prix. Et je ressens ce respect aussi du vendeur lorsqu'il sent que je n'essaie pas d'abuser. Cet échange devient un plaisir en lui-même et ces moments, pour moi... n'ont pas de prix.

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