Il fut un temps, il faut bien l'admettre, où l'Église a péché par où elle a prêché. Alors qu'elle prônait la tolérance, la miséricorde et l'amour inconditionnel, orgueilleuse d'avoir de son côté le meilleur messager de Dieu, elle a jugé et exclut si facilement tous ceux et celles qui ne cadraient pas dans ses rangs. Et de se sentir si pécheurs, si mal à l'aise dans ce « club sélect », la plupart des autres... se sont désistés. Juge et tu seras jugé... on attire pas des mouches avec du vinaigre.
Ceux et celles qui sont restés, au risque de se ridiculiser, ont su séparer le bon grain de l'ivraie, extraire le jus du cactus... et s'abreuver dans ce désert matérialiste en quête de sens.
Aujourd'hui, dans cette église remplie de monde venu soutenir et prier pour cette jeune femme qui a mis fin à ses jours, j'entends comme les autres, notre bon père africain parler de l'amour et de l'importance de ne pas juger. Et c'est beau. Ça fait du bien.
Lui, comme nous, y voit la maladie et le désespoir.
Toute la grande famille partage ce moment si intense avec les parents et amis, ceux et celles d'ici ou venus de la Grand'Terre; tant les couples séparés, les familles reconstituées, ce couple de jeunes homosexuels mariés, et toutes ces personnes dont on ne connaît pas la vie... incluant la mienne qui ne fut pas parfaite.
À la fin, pendant cette accolade improvisée et si touchante de toute la famille autour du cercueil, comme un énorme câlin à cet être cher qui a souffert en silence, je regarde à ma gauche sur le mur, et lis :
« Offrons-nous, dès maintenant, l'église dont nous rêvons. »
Était-ce écrit en majuscule ? Je ne sais plus. Je ne sais pas si l'on désignait le mot « église », au petit é, au sens propre et à retaper du terme. Ou encore, « Église », au grand É, cette communauté répandue sur toute la terre, des humains voilà tout, reliés par le cœur, par Celui qui nous a tant aimé envers et contre tout.
Mais je réalise que pour moi, au cours de cette messe, ce rêve est réalisé.
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