À propos de ma job de proche aidante :
Férot : « Toi t'as pas besoin d'aller à la messe pour les vingt années à venir! »
Moi : « Ben je va pas à la messe pour me purger... j'y va pour me soutenir! »
Lors de mon voyage sur la Côte-Nord, au monastère de Charlevoix, Père John me demande : «Où vas-tu ?».... Dans une intuition, je lui réponds: «Vers moi».
À propos de ma job de proche aidante :
Férot : « Toi t'as pas besoin d'aller à la messe pour les vingt années à venir! »
Moi : « Ben je va pas à la messe pour me purger... j'y va pour me soutenir! »
J'ai réécouté la grande fresque de 6 h (4 soirs x 1h30) de Jésus de Nazareth de Zeffirelli.
« L'évocation minutieuse de la vie de Jésus de Nazareth, de sa naissance à Bethléem à sa résurrection en passant par sa crucifixion sous l'ordre de Ponce Pilate » est présentée de façon si réaliste, dans le contexte de l'époque.
Que l'on croit ou non à sa résurrection, personne ne peut nier son existence sur terre, ses messages remplis de sagesse et tous les miracles qu'il a réalisés.
On dit que l'acteur qui a joué ce rôle en a été transformé...
C'est une catéchèse à chaque fois.
C'est Pâques.
Sortir d'un carême c'est se redonner notre liberté.
Je « peux » maintenant manger autant de chocolat ou prendre un verre tant que je veux. Cette joyeuse perspective est aussi lourde à porter puisque les contraintes que je me suis données pendant 40 jours se sont envolées.
Je dois choisir le rythme de consommation, si j'en reprends. Tant que ça me fait du bien, ne serait-ce que mentalement, tout est bingo. Mais il est facile de traverser « la ligne »... surtout quand on est gourmande ou que les émotions sont malmenées. La ligne qui déborde l'équilibre de mon écosystème humain fait que la situation pourrait devenir ingérable : prise de poids, alcoolisme, et tous problèmes de santé qui en découlent, (incluant ma santé financière!). Comme le chante Johnny Cash qui fut aux prises avec de graves problèmes de toxicomanie : « I walk the line ».
Surtout que mon principal « ascèse » est de rester avec mon père, ce qui continue de limiter ma liberté et me cause des frustrations. D'autres doivent rester toute leur vie avec leur enfant handicapé, une personne malade, ou vivre eux-mêmes avec une limitation physique ou psychologique. L'« open bar » est tentant à l'année longue. L'enfant qui vit des violences familiales ou de l'intimidation à l'école est tenté de décharger sa colère et sa haine sur les médias sociaux. Tenté de dépasser sa limite fragile, comme le petit filtre qui retient l'eau d'un verre plein, jusqu'à ce qu'il déborde.
C'est à la fois un sujet complexe et délicat, la liberté. Ce besoin fondamental de penser, de s'exprimer et d'agir comme nous l'entendons. C'est l'une des valeurs les plus importantes des Québécois.
Mais c'est un concept qui côtoie chaque moment celui de maîtrise de soi, du self control, de la contrainte, de l'autodiscipline, de l'autorégulation, de l'autocensure... Des mots désagréables, presque violents, associés à la
conscience et du respect de soi et des autres, mais nécessaires à notre « régie interne » pour garder le cap. Pas très à la mode de nos jours...
Comme ce magnifique Charlton Heston dans Ben Hur (1959) qui voudrait enfin se venger et se faire justice, légitime, mais qui se retient difficilement. Et, dans l'esprit de ce nouveau prophète, de ce Messie qu'on vient de crucifier, laisse tomber sa haine et sa colère pour le pardon.
C'est
peut-être pour cela que j'ai autant d'estime et d'admiration pour les
grands sages et les ascètes de ce monde, tel que le fut Jésus Christ.
Qui ont choisi un chemin qui semble limiter leur liberté mais qui, au
fond, les ont affranchi de leurs conditions humaines et de tous ces
besoins que nous nous créons.
Dans l'esprit de Dieu, la véritable liberté qu'Il nous offre m'apparait alors être la chance de devenir et de donner le meilleur de nous-mêmes.
La veille de Pâques. La fin du carême. En fait, je « toff » jusqu'à demain. Ben oui, je l'ai refait cette année. Privation de chocolat (je suis une chocoholic... slurp), d'un bon petit verre de vin rouge ou une bonne bière des Îles... sobriété pendant 40 jours, les plus dulls de l'année au Québec au point de vue météo : février, mars, avril. En pleine pandémie où sortir est un luxe. Facile de déprimer!
Rien ni personne ne m'y oblige. C'est un défi personnel de maîtrise de soi. Comme n'importe lequel des défis qu'on peut se lancer. Forme d'escalade intérieur. C'est un rappel de cette période chaque fois que j'ai envie de ces gâteries.
Comme une amie m'avait déjà dit pour la messe du midi, pendant mon travail au centre-ville : « C'est quand ça te tente le moins que t'en a probablement le plus besoin! »... J'ai réalisé cette année que c'est inversement proportionnel à mes gâteries : « C'est quand j'en aurais le plus besoin que j'en mange le moins... Et finalement, c'est bien. Car je sens que j'en aurais consommé beaucoup, tous ces soirs où j'aurais voulu décrocher dans ma tête, où j'aurais mangé mes émotions, mes frustrations et ma fatigue. Au lieu de l'overdose de calories, de sucres solides et liquides et de gras qui pourrait boucher mes « tuyaux », j'ai plutôt fait une overdose de céréales Musli... Comme quoi ce carême peut aider au physique.
J'ai aussi diminué, parfois bien involontairement, ma dose d'écrans. « Ce qui vous éloigne de Dieu... » avait dit un prêtre. J'aime beaucoup regarder la télé le soir. Mais ce printemps, nous avons fait compétition mon papa-à-moi (comme dirait Achille Talon) pour les sujets télé...
Des « ascèses » (du mot « ascétique » comme les mystiques) m'a dit Martin. Il ajoute : « Toi qui en fait déjà beaucoup en tant que proche-aidante »... c'est vrai que ma liberté me manque, jusqu'au relais-papi.
Mais pour le moins... demain... c'est CHOCOLAT!!!
JOYEUSES PÂQUES !
À la messe du Vendredi Saint, assez populaire aux Îles, nous « accompagnons » Jésus dans son périple de souffrance jusqu'à la croix. C'est, je crois bien, une tristesse renouvelée que de se rappeler l'ami en difficulté, le procès injuste d'une personne qui n'a fait que du bien, l'impuissance à changer le cours des événements tracés d'avance dans un destin annoncé depuis longtemps...
Jésus avait sans aucun doute des « visions » au cours de ses méditations dans le désert. Cette voyance existe, j'en ai fait l'expérience dans mon « jeune temps » auprès de cartomanciennes très précises. Père John a vu aussi au fond de moi des choses que personnes d'autres ne pouvait savoir. J'ai moi-même, une fois sur la route, eu la vision très claire que l'enfant sur son vélo sur le trottoir allait tomber sur le chemin juste devant moi. J'ai ralenti ma vitesse et quelques secondes plus tard, c'est arrivé. Très calme, j'ai souris à l'enfant effrayé qui m'a regardé venir lentement et l'éviter.
Parce qu'il connaissait très bien les Écritures, ces prophéties juives, Jésus savait ce qui allait lui arriver. Il n'a pas flanché. Il ne s'est pas sauvé même s'il aurait pu, bien avant le Jardin des Oliviers, en fait, n'importe quand. C'est probablement cette tentation qui l'a taraudé dans le désert. Ou utiliser son pouvoir pour dominer le monde, soulever une armée, lui qui était si populaire.
Il est resté jusqu'au bout. Même s'il était effrayé. Car il a demandé à ses amis de veiller avec lui. Mais eux, ne pouvaient savoir avec certitude qu'un drame allait se jouer cette nuit-là. Lui, si.
Il est resté jusqu'au bout parce qu'il savait que ce moment devait être, qu'il s'inscrirait dans l'histoire du monde... et dans notre histoire personnelle.
Il y a eu l'avant et l'après Jésus Christ.
Pour nous.
Quand, enfant, je regardais l'émission « Les Oraliens », s'il est une chose que je détestais c'était quand on nous faisait répéter des mots. Je n'en voyais pas l'utilité et je me sentais ridicule de répéter à voix haute dans le salon devant la télé.
En fait, je n'ai rien contre les réponses lors de la messe. Mais il en est une que j'ai toujours de la misère...
Cette semaine, on discutait, cadette et moi, de la messe des rameaux. Déjà, on entrevoit le procès de Jésus sous Ponce Pilate.
Je dis : « Moi, j'haïs ça quand on nous demande de faire la foule et de crier « Crucifiez-le!... » C'est pas le meilleur rôle c'est certain!
Ma soeur, philosophe : « Ben, c'est peut-être ça finalement. Peut-être que si on avait été là, on aurait fait pareil! Peut-être que c'est un peu nous de temps en temps !... ». Quand on est pas dans le meilleur de nous-même... quand on est pas évident... sous-entendu. Comme quoi on peut pas juger les autres... même eux!
Mouais... peut-être bien.
Songé.