dimanche 27 mai 2018

... et l'homélie

Un fleuve de beauté, ce que le prêtre dit, tout en douceur, à la suite de cette lecture :

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. ». Ce matin, ce n'est pas quelque chose qu'on entend pour la toute première fois. Pour nous, c'est du connu ce commandement de l'amour. Et peut-être on est tellement habitué à l'entendre, que bien souvent, on y porte plus attention. Et pourtant, c'est cet amour vécu à la manière de Dieu qui nous caractérise comme chrétiens. Et il n'y que ça qui peut vraiment nous différencier des autres à première vue. Parce qu'on ne peut pas être chrétien si on ignore l'amour à la manière de Dieu. Vous savez, depuis le jour de notre baptême, depuis le jour où nous avons été choisi, par Dieu, parce que « ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisi ». Depuis ce jour où l'esprit du Christ est venu nous envaillir de l'intérieur... plus ou moins conscients ou non, nous sommes tous engagés dans une sorte de relais de l'amour. Et un relais de l'amour qui trouve son point de départ dans le Père. « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimé.» Un amour qui se transmet. Un amour qui trouve son point de retour toujours dans la personne du Père. « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour. Comme moi j'ai gardé les commandements de mon père et je demeure dans son amour. »

Mais comment se fait-il alors, qu'on ne soit pas plus avancé sur ce chemin de l'amour mutuel, sur ce chemin de l'amour entre nous ? Comment se fait-il que ce soit si difficile d'aimer ? C'est peut-être qu'on a pas éprouvé au plus profond de nous-mêmes cette première disposition à mettre en place pour aimer le Christ. Et cette première disposition, il me semble, c'est d'être conscient, que tous et toutes, chacun et chacune d'entre nous, nous sommes dans une relation toute particulière avec lui. Nous sommes ses amis, les amis de Jésus. « Je ne vous appelle plus « serviteur », car le serviteur ignore ce que fait le maître. Je vous appelle « mes amis ». Car tout ce que j'ai entendu de mon père, je vous l'ai fait connaître. »

Vous savez, c'est ce lien d'amitié dont il faut être conscient en tout premier lieu, pour se lancer, à chaque jour, dans ce défi de l'amour. Et cette amitié avec le Christ, je dirais, c'est ce trésor de connivence partageable avec lui seul. Parce qu'il y a toujours en nous une part sacrée qui ne se dévoile qu'à Dieu. Et quand on est conscient que cette amitié avec le Christ ne peut pas nous laisser indifférent, naturellement, on est porté à l'ouverture aux autres. Et naturellement se crée en nous comme une capacité d'écoute. Se crée aussi en nous, comme un courage de dire la dure vérité à ceux et celles qu'on estime, qu'on aime. Comme aussi de se l'entendre dire. Et naturellement, nait en nous, ce goût de se donner. « Il n'y a pas de plus grand amour, que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » J'pense que c'est comme cela qu'on fait des pas, de petits pas, dans l'amour. Que c'est comme cela qu'on devient peu à peu capables d'aimer à sa manière à lui. Même quand c'est difficile.

Vous savez, l'amour qui nous est demandé, les uns pour les autres, et les uns envers les autres, dans le fond ce n'est que la reproduction dans notre vie, de l'amour que Jésus a eu pour les siens. Pour ces hommes, pour ces femmes, pour ces enfants qui se sont approchés de lui. Mais pour reproduire, et bien il faut le connaître. Il faut connaître Jésus. Il faut le connaître, dans ses gestes, dans ses paroles, dans son implication sociale, dans les moindres traits de sa personnalité et de chercher, bien simplement, à faire comme lui. Et c'est possible.

Au lieu de regarder et s'attarder aux nouvelles bouleversantes et dramatiques qu'on nous propose en boucle, savoir regarder autour de nous tout ce qui se fait sans bruit mais qui se fait efficacement. Prenez, par exemple, les nombreuses visites aux personnes qui sont en situation de solitude. Prenez tout ce qui se fait par rapport à l'accompagnement des personnes qui dans notre société, sont plus fragiles que les autres. Faites le décompte, dans nos paroisses, de toutes ces personnes qui sont impliquées dans le service de la charité et du partage. Faites le calcul de toutes ces personnes qui viennent à la messe à chaque jour. De ces priants, qui bien souvent, sans qu'on le sache, offrent et intercèdent. Prenez aussi la générosité discrète de plusieurs parmi nous. Ce sont tous des hommes et des femmes ordinaires. Et j'ajouterais aussi des enfants parce qu'il y en a de tellement beaux. Ce sont tous des gens qui connaissent Jésus. Qui le connaissent tellement qu'ils en arrivent à aimer à sa manière. À penser comme lui en faisant le bien. Des hommes et des femmes qui, comme disait l'Abbé Pierre, le célèbre prêtre français « Faire de façon extraordinaire, les choses ordinaires. Sans bruit, sans éclat, mais efficacement, et petit à petit. »

Cet amour, sans mesure, c'est un amour qui est possible pour chacun et chacune de nous. Si on s'en donne cependant, le moindrement la peine. Et les fruits de solidarité, les fruits d'engagement, les fruits d'aide, les fruits qui abaissent les différences entre les hommes, et bien ces fruits paraissent et ils sont beaux. Cherchons donc, encore ce matin, à accueillir ce commandement de l'amour. À accueillir ce que le Seigneur lui-même dépose en nous encore ce matin dans cette eucharistie qui nous rassemble.

C'est possible d'aimer. Simplement s'engager les uns envers les autres; nous souvenant que chaque personne vaut la peine. Nous souvenant que chaque personne contient Dieu. Simplement, approfondir notre relation, notre amitié avec Jésus, avec le Christ, pour que tout ce que nous demandons au Père, en son nom, nous soit donné. Voilà ce que je nous commande, c'est de nous aimez les uns les autres. Oui, bien aimés, aimons-nous, les uns les autres, puisque l'amour vient de Dieu... puisque l'amour est Dieu. »

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