lundi 1 juin 2015

Les biens pensants... et les autres

Dimanche à une messe ordinaire. Une jeune fille est assise, seule, sur le banc devant moi.

La messe commence. Nous sommes invités à nous lever... et la fille reste assise. Bien plus, je regarde, estomaquée de la voir répondre à ses courriels sur son I-Phone. C'est ainsi tout le long de la messe. Elle est étrangère à ce qui s'y passe.

Je me souviens alors, il y a quelques années, avoir réprimandé deux jeunes venus assister à un concert de chorale dans une église. Ils étaient assis à l'arrière, dans mon banc. Ils riaient, jasaient comme si de rien n'était...  J'étais « bleu marin » ! Je connais, pour m'y être engagée pendant cinq ans, tous les efforts et les joies de participer à cette chorale. Je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire, en sortant : « Vous savez, ce n'est pas l'école ici. Vous n'étiez pas obligés d'y assister ! ».

Je me souviens aussi, dans une autre église, avoir vu une jeune lire ses courriels sur son I-Phone... en allant communier !

Et nous y revoilà. De nos jours, personne n'est forcé d'assister à une messe. Enfin je l'espère. Mais à voir le peu de jeunes à cet office ordinaire, je le crois volontier. Que fait là cette jeune fille indifférente ? Je n'en reviens pas et regarde autour. Personne n'y porte attention. Les aînés assis devant elle ne se retournent pas. Suis-je la seule à m'offusquer ? Et puis je regarde la situation sous un autre angle. Peut-être se sent-elle bien entourée de ces gens, dans l'atmosphère de nos rituels, qu'elle y retire quelque chose ?... Pourrais-je la rejeter si les autres ne le font pas ? Et pourquoi le ferais-je moi, nouvelle dans cette communauté ? Étrange situation... Un autre téléphone sonne et le prêtre fait une blague sur ce sujet... Je laisse passer et me recentre sur l'homélie... qui parle justement de patience, de bonté, etc. Et ben! Je n'y suis pas tout à fait.

Juste avant la communion, je me retourne pour « souhaiter la paix » aux gens derrière moi, de même qu'à la personne à mon côté... et je m'étire... pour l'offrir à ma jeune voisine d'en avant. Elle s'extirpe de son courriel et me regarde, étonnée. Elle n'a pas compris. Je lui tend la main avec un beau sourire (un brin moqueur, je l'avoue... mais sincère tout de même) et répète la petite phrase : « Je te souhaite la paix ». Alors, elle répond à mon sourire par le sien, me serre la main et je crois bien, répète cette petite phrase.

À la communion, je la vois alors faire un geste tendre envers l'une des personnes âgées assises devant elle. Elle en amène une autre aux toilettes avant de partir. Et je comprends enfin qu'elle accompagne un groupe. Qu'elle soit en travail ou bénévole, elle a permis à ces vieilles personnes de participer à ce qui leur est cher. Et pour cela, même dans sa bulle, elle mérite qu'on l'accepte dans cette petite communauté.

Je me suis vue, alors, moi-même comme l'une de ces personnes « bien-pensantes », qui accordent parfois plus d'importance au rituel qu'aux personnes qui nous entourent. J'en ai déjà jugé d'ailleurs,... et me voilà prise à mon propre jeu!

Déjà entendu : « Mon Dieu, donnez-moi la patience... mais faites-vite ! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire