mercredi 17 juin 2015

Commission Vérité et Réconciliation : de la dérive... au pardon

Quelque part, on ne peut confirmer par qui, notre famille a de l'ascendance du peuple Micmac. J'en ai déjà glissé un mot lors de mon voyage sur la Côte-Nord. Mais pas besoin de sentir leur sang couler dans nos veines pour compatir au sort qui a été réservé aux enfants amérindiens pendant des décennies dans les centres d'éducation, ou, disons-le  « d'assimilation », en plus de leur imposer des violences inhumaines et les cruelles séparations d'avec leurs parents. Ça sort de l'entendement.

Le sort des Autochtones n'a de toute façon, pas été « jojo » depuis la découverte des Amériques, grands perdants de cette lutte de pouvoir, retranchés dans des réserves. Cependant, c'est d'une tristesse infinie de réaliser que des personnes en autorité supposément spirituelle ont abusé de leur position. Tout le contraire de l'enseignement d'amour auquel elles se sont engagés...

Le pouvoir peut rendre fou, où qu'il soit utilisé, notamment en politique, dans la pratique religieuse, en gestion, sous l'autorité parentale ou dans un gang de rue. La religion, en fait, toute religion pratiquée sans âme et de façon autoritaire fait le vide. Chez les Catholiques, c'est arrivé aux Amérindiens, aux Orphelins de Duplessis, mais aussi en paroisse et autres. On l'a caché, escamoté, balayé sous le tapis, repoussé plus loin... et ça a recommencé. L'Église s'est fermée les yeux pendant trop longtemps, par peur de perdre des acquis... Non seulement sur certains actes mais aussi sur les besoins physiques humains des religieux. Ceux-ci ne sont pas forcément des ermites. On peut développer de la spiritualité sans rituels religieux. Mais on ne peut devenir religieux, au sens profond du terme, sans spiritualité, sans conscience de soi et des autres. Autrement, c'est la dérive...

Au delà des violences en institutions et des crimes contre la personne, la dérive humaine s'est matérialisée pendant des siècles notamment dans la traite systématisée des esclaves, il en existe d'ailleurs encore aujourd'hui..., dans  l'Apartheid en Afrique du Sud, dans l'Holocauste et autres génocides, dans la déportation de mes ancêtres acadiens. Et à tous, au nom de la paix et de la réconciliation, on invoque le pardon.

Je n'ai pas vécu de situations aussi dramatiques et ne sais donc pas qu'elle serait mon état d'âme. J'ai toutefois subit du harcèlement psychologique et de la violence dans certains milieux de travail. Mais le jour où, après des années, j'ai recroisé un ancien patron violent dans l'autobus et que je n'ai plus senti de colère en moi, de mépris, je me suis sentie bien et lumineuse.  J'ai ressentie la paix. Mon sourire était sincère. Je « ne l'inviterais pas à ma fête » comme avait dit mon petit neveu de trois ans à sa mère qui se plaignait tout haut d'une personne... mais au moins ma noirceur est enfin partie.

« Œil pour œil rendra l'homme aveugle » a dit Ghandi. Il est humain d'en vouloir aux bourreaux... la force de pardonner est sûrement divine... c'est ce que je leur souhaite à tous.

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