Retirer une personne âgée d'un centre, c'est ce qui s'appelle aujourd'hui être à contre-courant. Mais on voyait bien la souffrance mentale et physique de notre père trop éloigné de nous, de sa maison, de la Côte.
« C'est tout un contrat! » m'a dit la fille de celle qui a pris sa chambre du centre. C'est vrai. Je me suis toutefois rendue compte que nous ne sommes pas les seuls. D'autres se consacrent à leurs vieux parents aussi. Parfois on me félicite de « ce qu'on fait pour notre père ». Ça me
touche surtout que les gens soient heureux qu'il soit revenu habiter
dans notre « canton », et qu'il fréquente notre église à nouveau. Mais
au fil des discussions, je découvre moi aussi, les dons de soi de ceux
et celles qui m'entourent. Au magasin, une employée qui me démontre son
estime, me confie : « Nous aussi on a gardé mes deux parents... pendant
12 ans! » Et bien! Elle, elle a toute la mienne!
« Ce que vous aurez fait aux plus petits (et vulnérables) d'entre nous... c'est à moi que vous l'aurez fait! »...
On est plus à l'écoute de ses problèmes particuliers jusqu'à obtenir une sorte de nouvel équilibre. On l'accompagne dans sa vieillesse. Jusqu'où irons-nous ? Je n'en sais rien. Un jour à la fois. Heureusement toutefois, dans notre cas on peut se relayer. Des fois je me dis, au moins ceux qui ne peuvent pas se le permettre, au moins... les visiter, en personne ou par téléphone.
Pas toujours évident, pas toujours facile... ça prend une mer de patience... le sacrifice de la liberté... mais parfois aussi c'est drôle ses remarques enfantines sur la neige qui danse, les buissons qui « saluent » dans le vent. Le voir laver la vaisselle en chantant. Et d'entendre mon père me dire, couché douillettement dans son lit : « C'est l'fun de vivre! »... c'est précieux.
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