C'est ce que m'a dit la fille de la dame qui a pris la chambre de mon père au centre pour personnes âgées. Oui, c'est certain. Un gros contrat d'amour qui se vit un jour à la fois, sans promesse d'avenir. Des moments remplis d'émotions, de joie, de frustration, de panique devant la maladie. Des moments à la fois riches et privilégiés, mais aussi difficiles. C'est ça accompagner quelqu'un qu'on aime.
Tous les proche-aidant comprennent ce qu'on ressent... et moi je les comprends mieux maintenant. Je les vois plus aussi. Les soeurs en face de chez nous et leur mère malade. Elles l'ont soigné jusqu'au bout, à la maison. Cette fille dont le père est Alzheimer et qu'elle accompagne à la messe, elle aussi. Et d'autres encore... comme cette chanteuse d'opéra qui, un jour, quitta Paris pour revenir auprès de sa mère, Alzheimer elle aussi. Mais aussi des parents d'enfants handicapés.
« Ce que vous aurez fait aux plus petits d'entre nous, c'est à moi que vous l'aurez fait. »
On ne les voit pas ces personnes. Souvent des femmes. Elles servent discrètement, se consacre jour et nuit. Parfois, elles doivent laisser partir enfin à l'hôpital ou dans un centre spécialisé. Épuisées, elles n'en peuvent plus.
C'est en le faisant que je me suis rendue compte du principal sacrifice, notre liberté, et du peu de services d'aide. Les bénévoles vieillissent eux aussi. Sont fatigués. Toujours les mêmes qui font tout, qui s'impliquent partout. Toute une génération de bénévoles qui vont s'envoler...
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