Second soir à l'auberge de jeunesse. Je suis au chalet d'accueil avec le gardien. Vers 22h, deux Innus entrent avec leur fusil et décident de se faire un lunch. Ils sont «chez eux» ici et ne demandent pas d'autorisation. Ils ont posé des filets à saumon à la rivière... de nuit... Nous entretenons la conversation, le gardien et moi, histoire de maintenir la paix... ces deux jeunes hommes m'intriguent. Moi qui voulais en connaître plus sur les autochtones de la région... je suis servie! L'un d'eux, plus volubile, nous raconte avec fierté que sa grand-mère lui a appris à pêcher et chasser à la manière traditionnelle. C'est beau... jusqu'à ce qu'il nous dise avoir récupéré plus de 500 oeufs d'oiseaux des îles environnantes...Voilà pourquoi ce silence sur les berges... Je suis triste à la pensée que la spiritualité amérindienne, le grand respect de la nature, est bien loin de ces jeunes gens. D'ailleurs, j'ai croisé en chemin plusieurs panneaux publicitaires sur la prévention de la violence conjugale... la nature, les femmes... Plus fort que moi... Je glisse un mot sur la beauté des femmes et le fait qu'on doit les traiter comme un trésor... seul «petit message» de la soirée. Je ne pousse pas ma «luck» à parler de la nature... j'ai choisi le plus important.
Je sens le chapelet dans ma poche... Père John m'avait dit : «garde-le toujours près de toi...». Ça me rassure...
Tant qu'à être là, je me prends au jeu et les questionne, de plus en plus intéressée. Le temps passe. Le gardien et moi n'osons pas faire un geste... jusqu'à 4 heures du matin. Je n'en peux plus. Je m'en vais me coucher... dans mon chalet dont la porte ne se barre pas. Là, je peux vous dire que je l'ai récité mon chapelet!... seule bouée de confiance...
Tout est bien qui finit bien. Les chasseurs sont partis vers 5 heures. Le gardien m'a raconté qu'ils voulaient tuer des canards en sortant mais il les a persuadé de ne pas le faire puisque je dormais juste à côté. oufff. J'aurais cru le pire pour lui et me serait sûrement payée une crise cardiaque !...
Et le lendemain... les pêcheurs de saumon sont revenus bredouilles...
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