lundi 29 septembre 2014

Sur la Côte 14... de Natasquan

Ce soir je dors au camping de Natashquan. Ma tente me sera finalement utile. Les quelques places disponibles habituellement sont toutes prises par l'arrivage du bateau qui fait la navette. Je plante ma tente dans les dunes. Fascinant! Des dunes en plein nulle part! Pareilles à celles des Îles de la Madeleine, foin de dune inclus. On dirait qu'elles ont suivi les immigrants madelinots. Les accueillantes gardiennes du camping me font penser aux Madeliniennes qui ont, d'ailleurs, peuplé ces rivages. Incroyable. L'accent est un mélange de Havre-Aubert, Grand-Ruisseau et d'Havre-aux-Maisons en même temps.

 À côté de mon emplacement, deux hommes qui ne se préocupent nullement de mon arrivée. J'ai plus confiance en eux qu'en la météo. À six heures du matin, le vent s'acharne sur la tente et j'ai une frousse bleue que la pluie arrose copieusement la toile. Je rembarque toutes mes affaires et cherche désespérément un lieu où prendre un café bien corsé après cette nuit froide.

J'attend celui qui ouvrira l'un des restos de la place... mais il n'est pas d'humeur à me servir. L'une des serveuses a désisté. De plus il me regarde avec mépris lorsqu'il aperçoit mon magazine populaire sur le siège de droite... J'insiste tant qu'il finit par me laisser entrer... par la porte d'en arrière ! Il ouvre à quelqu'un d'autre par la cuisine et discute avec lui pendant une heure... J'attends en vain mon café-croissant. Des visiteurs frappent à la porte et je leur ouvre en attendant. Le monsieur est fâché. Je repars finalement, bougonne moi aussi.

Au petit restaurant du coin, bien que le café soit ordinaire, je déguste les meilleures roties sur du pain maison dans l'atmosphère acadienne simple mais accueillante.

Dans ce voyage décidément spirituel, encore fâchée contre le monsieur bête, je me questionne pourtant sur ma propre attitude... peut-être avais-je trop forcé la note ? Il est si facile de jeter le blâme sur les autres, surtout lorsqu'ils sont désagréables... et si difficile d'être objectif envers soi-même...

Petite visite au Musée Gilles Vigneau, son ancienne petite école. Puis je repars sur cette route que je connais déjà un peu... sur le chemin du retour.

dimanche 21 septembre 2014

Sur la Côte 13... du bout de la route


Je croise en montant une nature belle et sauvage...





et de charmants petits villages nord-côtiés...

Je remarque en passant une magnifique villa. À mon retour, ma mère me dira qu'elle a justement vu un article dans le journal à son sujet.

Je traverse Natashquan, avance plus loin. Moment ultime. Je descends et pose symboliquement mes pieds sur cette fin de route asphaltée qui pourtant continue encore très, très loin en basse Côte-Nord... sur la gravel. Pas drôle pour les habitants de ces petits villages... et dur, dur pour les voitures...

Mais je suis tout de même fière de m'être rendue si loin.


lundi 8 septembre 2014

Sur la Côte 12... des Îles Mingan



Il fait beau. L'animateur du bateau est sympathique et drôle avec son accent de chez nous.  Les Îles Mingan sont belles comme un secret oublié... La mer sculpte ses pierres grises... Nous débarquons sur l'une des îles. La journée s'écoule doucement. Et nous revenons, «salués» par une baleine.

Voilà. Mon objectif est atteint. Je continue ou je retourne ?




Je me décide finalement à continuer jusqu'au «bout de la route» à Pointe Parent peu après Natashquan.Deux heures de plus. Cette fin de la route asphaltée est comme une limite symbolique à  mon voyage.

Une dernière nuit dans mon «chalet». Ce soir, j'ai enfin le moment propice pour disposer de mon jeu de cartes à messages... (Désolé cousine, voici son destin...). Tel que «prescrit» par Père John, je glisse dès que je le peux le livre et les cartes dans le poêle à bois allumé. L'orage éclate soudain. Le gardien semble inquiet et se questionne sur mon geste dans cet atmosphère étrange. Je dis: «Ils avaient annoncé cet orage après-midi à la radio». Ce qui est vrai et le rassure quelque peu...

Et voilà où commença mon «grand ménage spirituel»...


samedi 6 septembre 2014

Sur la Côte 11 ... Intermède amérindien

Second soir à l'auberge de jeunesse. Je suis au chalet d'accueil avec le gardien. Vers 22h, deux Innus entrent avec leur fusil et décident de se faire un lunch. Ils sont «chez eux» ici et ne demandent pas d'autorisation. Ils ont posé des filets à saumon à la rivière... de nuit... Nous entretenons la conversation, le gardien et moi, histoire de maintenir la paix... ces deux jeunes hommes m'intriguent. Moi qui voulais en connaître plus sur les autochtones de la région... je suis servie! L'un d'eux, plus volubile, nous raconte avec fierté que sa grand-mère lui a appris à pêcher et chasser à la manière traditionnelle. C'est beau... jusqu'à ce qu'il nous dise avoir récupéré plus de 500 oeufs d'oiseaux des îles environnantes...Voilà pourquoi ce silence sur les berges... Je suis triste à la pensée que la spiritualité amérindienne, le grand respect de la nature, est bien loin de ces jeunes gens. D'ailleurs, j'ai croisé en chemin plusieurs panneaux publicitaires sur la prévention de la violence conjugale... la nature, les femmes... Plus fort que moi... Je glisse un mot sur la beauté des femmes et le fait qu'on doit les traiter comme un trésor... seul «petit message» de la soirée. Je ne pousse pas ma «luck» à parler de la nature... j'ai choisi le plus important.

Je sens le chapelet dans ma poche... Père John m'avait dit : «garde-le toujours près de toi...». Ça me rassure...

Tant qu'à être là, je me prends au jeu et les questionne, de plus en plus intéressée. Le temps passe. Le gardien et moi n'osons pas faire un geste... jusqu'à 4 heures du matin.  Je n'en peux plus. Je m'en vais me coucher... dans mon chalet dont la porte ne se barre pas. Là, je peux vous dire que je l'ai récité mon chapelet!...  seule bouée de confiance...

Tout est bien qui finit bien. Les chasseurs sont partis vers 5 heures. Le gardien m'a raconté qu'ils voulaient tuer des canards en sortant mais il les a persuadé de ne pas le faire puisque je dormais juste à côté. oufff. J'aurais cru le pire pour lui et me serait sûrement payée une crise cardiaque !...

Et le lendemain... les pêcheurs de saumon sont revenus bredouilles...

lundi 1 septembre 2014

Sur la Côte 10... de Havre-Saint-Pierre

Lendemain de cette première nuit au chalet... je me rends à Havre-Saint-Pierre.



 Fondée par des Madelinots il y a 150 ans cette année (2007). Jamais je n'ai vu autant de drapeaux acadiens peints ici et là : pancartes de rues, bonnets, poteaux, bicyclette, maisons, etc. La fierté acadienne, mes racines, est touchante. Même une rue porte le nom ARCHIPEL.




C'est d'ici que j'irai voir les Îles Mingan. Je comptais d'ailleurs faire du camping. sur l'une des Îles. Au comptoir des réservations, il n'y a pas de départ. Je suis déçue. Changement de programme. Je lâche prise. Je réserve un tour guidé pour demain. Mais je dois avouer... aurait-ce été prudent de dormir seule dans ma tente sur une petite île ? Dieu sait mieux que nous du haut de sa «grande butte»... ce dont nous avons besoin...

La préposée aux réservation m'informe qu'une autre fille de chez nous vient juste de passer... Elle est encore sur le stationnement. Joyeuses retrouvailles avec cette amie d'enfance. Ça fait huit ans que je ne l'ai vu. D'emblée, elle me raconte les dernières années de sa vie, difficiles à cause de son changement d'orientation sexuelle. J'apprécie cette confidence et elle, mon ouverture. Je crois que l'amour vrai doit être au-dessus de tout.


Je retourne à mon chalet et reviendrai demain pour le tour guidé.