mardi 2 mai 2023

Bye papa

Mon petit papa d'amour nous a quitté l'an dernier. Au moins, Dieu nous l'a laissé longtemps parmi nous. 

Avec la vieillesse, il perdait tranquillement ses fonctions cognitives. Nous l'avons gardé tant que l'on a pu à la maison familiale, mais un jour, il a bien fallu le confier à d'autres.  S'il ne nous reconnaissait pas à chaque fois, il a toujours reconnu et apprécié l'amour de sa famille... et du personnel soignant. Il en était reconnaissant.  Y a-t-il quelque chose de plus rassurant pour un enfant que d'observer les gestes doux et patients du personnel qui prend soin de son parent ? 

Chaque soir nous le visitions, en alternance, et nous l'aidions à réciter ses prières. Celle du petit papier jaune et le Notre Père. Parfois il y intégrait les membres du personnel quand ils se glissaient dans la chambre pour le préparer au dodo. Tout comme à la maison, ce moment calmait beaucoup son anxiété. Et, lui qui a prié toute sa vie durant pour que son « chum Jésus » l'aide à guérir ses acouphènes et ses maux de tête... et bien imaginez-vous donc que le miracle a eu lieu! Peut-être était-ce à cause de ce nouveau bâtiment aseptisé, aux murs plus étanches et moins sensibles aux variations barométriques ? Je ne sais pas. Mais sa dernière année a étonnamment été plus sereine. 

L'épisode de la COVID-19 a fait en sorte que cet homme très croyant et pratiquant ne pouvait plus aller à la chapelle. Alors j'ai pris l'initiative de lui  « apporter Jésus » par la communion. Il en était très heureux. Deux semaines plus tard, il est tombé. Le médecin a d'abord parlé de soins de conforts puis de soins palliatifs. C'est arrivé rapidement, sans qu'on s'y attende vraiment. On l'a accompagné pendant une semaine. 

Dans ces moments-là, je prie pour que « tout se passe bien » dans cette incertitude de chaque jour. On navigue à vue, avec l'intuition du moment. Surtout de celui où on doit commencer à le veiller, la nuit. Deux jours avant qu'il nous quitte, il trouve la force de sortir son bras de sous le drap, et de faire son signe de croix en regardant avec amour et confiance celle que nous avons placée sur le mur. Une petite croix de rameau et un chapelet. 

Et puis nous avons eu droit aussi au miracle que sa soeur, partie à Montréal, qui avait pris son billet de retour quelques semaines plus tôt, est arrivée juste à temps pour le saluer une dernière fois, et le neveu loin, loin, toute la famille et le prêtre.

Aidé aussi par la morphine, il faut le dire, mais surtout par sa foi qui ne l'avait pas lâchée malgré son déclin cognitif, cet homme qui a été anxieux toute sa vie est parti dans une grande sérénité.

Un membre du personnel m'a déjà dit : « Ceux qui sont croyants, nous on le voit chaque fois, ça fait toute la différence quand vient le temps de partir ». 




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