La peur du ridicule

Nous avons eu une bonne discussion, aînée et moi. Elle me dit entre autres : « Tu sais, dans quelques centaines d'années, quand les extraterrestres viendront découvrir nos églises, comme les artefacts que nous découvrons de nos jours sur les rites anciens, tout leur paraîtra dérisoire.

En y repensant, j'ai eu un sourire. Avoir peur du ridicule de « petits bonhommes verts » dans quelques centaines d'années!... Il est vrai que des rituels des temps anciens nous paraissent parfois ridicules, tel qu'enterrer de la nourriture avec le défunt pour le voyage dans l'au-delà. On sait bien maintenant que, tout comme l'argent, ils ne « l'emporteront pas au paradis! »... Mais ces rituels ont néanmoins fait du bien à ceux qui croyaient en un être supérieur il y a des milliers d'années. Et puis pas besoin d'attendre les petits bonhommes verts, notre société matérialiste occidentale ridiculise de plus en plus nos rituels de nos jours... jusqu'à ce que les gens en aient besoin.

Maintenant que la science explique le domaine du visible, on découvrira peut-être les particules de l'invisible explorées par la physique quantique ou autre. Et cela confortera les « Thomas l'incrédule ». Mais, sincèrement, je n'en ai pas besoin. Parce que mes croyances sont du domaine du « ressenti », qu'elles ont plein de bons sens pour le mieux vivre ensemble et qu'elles me font beaucoup de bien.

Jésus nous a simplement réenlignés... Il disait : « nul besoin d'offrandes ou de sacrifices. Il faut aimer. » Ce qui, d'ailleurs, est bien souvent le plus grand sacrifice car l'amour est très compliqué.

Le retour de mémé

Ces petites veilles me rappellent ma mère. Sa fragilité en vieillissant. Elle est partie maintenant pour « un monde meilleur »... il y a six ans bientôt. Mais c'est elle que je vois à travers ces petites dames vulnérables. Celle-ci je ne l'avais jamais vraiment remarquée avant.

Les enfants sont un peu tous nos enfants.  Les personnes âgées sont un peu toutes nos parents... dans le métro, en traversant la route, dans la solitude de leur maison ou de leur centre d'hébergement.

Au sortir de l'église, je me suis assurée qu'elle avait un bras secourable pour revenir. Autrement, maintenant... je sais.

Entre Garfield et mémé

Comme je l'ai souvent souligné, la vie est faite de choix, petits et grands. J'ai toujours pensé que ceux-ci existent parfois pour nous confronter à nos valeurs, où nous sommes rendus. Aujourd'hui c'est un mini choix qui a l'air d'un détail...

En me rendant à la messe, ce matin, j'apporte quelques bébelles à donner dans un des bacs conteneurs. De mon auto, j'aperçois une vieille petite madame courbée, qui avance un millimètre à la fois. Le doute s'installe à savoir si elle a peur de glisser ou c'est simplement son pas habituel. Je ne veux pas m'imposer.

Je gratouille dans l'auto pour prendre mes choses à donner. Le temps que j'arrive au conteneur, la veille madame est presque arrivée au pied de l'escalier. J'ouvre la porte de métal pour y placer mes objets et... aperçois des livres de Garfield à l'état neuf. J'ai du plaisir, encore à mon âge, à lire ces bandes dessinées remplies d'humour de scènes quotidiennes. C'est mon repose-tête.

Ohhh y en a de nouvelles.... Hummm ce que c'est tentant de les prendre, les ramener à l'auto avant que les autres arrivent. C'est donné de toute façon. Mouais... mais pas à moi, au comptoir de l'église qui soutient plus d'une vingtaine d'organismes. Hummm je pourrais les emprunter, les lire, les ramener en douce... Pas bête!

Mais mon regard se pose à la fois, en allers-retours, sur les livres et sur la vieille madame qui peine à monter le petit escalier. A-t-elle besoin d'un bras ? Si je l'aide, je perds l'occasion des livres, les gens vont arriver. Si je ne l'aide pas, c'est assez ordinaire de ma part, surtout sur le perron d'une église! On est là pourquoi déjà ? « Aime ton prochain comme toi-même »...

Et puis zut! Des livres y en a plein à la bibliothèque! Je me garroche pour aider la bonne petite vieille qui force avec peine pour ouvrir la très lourde porte... encore plus lourde à son âge! D'un regard reconnaissant, elle me dit : « C'est qu'elle est lourde cette porte! Et j'avais peur de tomber sur la glace »... oups!

Mon cerveau était lourd aussi... encombré par l'appât du gain et mes tergiversations... mais mon coeur a finalement gagné! Oufff.